L'histoire de notre monde...

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METAMORPH

Extrait du journal intime d'Alvin ; Premier chef des Métamorphes de 2518 à 2572.

"Autour de moi, les formes changent. Les plus faibles souffrent, les plus forts ne sentent presque rien. Moi ? Je ne suis rien d'autre qu'un spectateur. J'ai déjà vécu cette étape dans le passé et je sais ce que cela engendre. Plusieurs corps s'effondrent sous la douleur. Certains bougent encore, d'autres ne sont déjà plus de ce monde. On entend des hurlements, tantôt ils se tapent la tête contre le sol tantôt contre tout autre objet assez lourd pour leur briser le crâne. J'ai envie de m'enfuir, d'arrêter d'assister à ce carnage sans pouvoir les aider mais mon rang m'en empêche. Ils ont confiance en moi, je ne peux pas les abandonner.

Les premiers arrivés sont essoufflés. Ils s'écroulent, gémissant dans leurs cris respectifs. Je cours vers eux, une pierre creuse remplie d'eau à la main et leur donne de quoi se rafraichir. On me remercie d'avoir été présent à leur coté pendant ce moment crucial de leur vie, on me lèche les mains en signe de gratitude. Cette année, il n'y aura que très peu de morts. Seulement cinquante ont été déclarées. Les années précédentes, on atteignait cent voir cent-cinquante décédés. Je ne peux m’empêcher de lâcher une larme de plaisir qui me fait rougir mais peu importe, la plupart d'entre eux y sont arrivés.

Il est temps pour moi de les imiter. Je ne ressentirai pas la même douleur mais j'aurai au moins la même apparence. Celle d'une bête que la plupart des humains craignent. Ma transformation se déroule sans soucis. Bientôt j'apparais sur le bout du rocher, debout sur mes pattes. La foule d'animaux s'incline devant moi. Intérieurement je souris, extérieurement on pourrait croire que je ne ressens rien. Je déploie mes ailes et glatis, heureux de voir que notre espèce ne s'éteindra pas de sitôt."

Le monde d'aujourd'hui, le monde de 2810.

Les années passent et l'espèce reste en vie. Comment ? En fuyant. Depuis une douzaine d'année, nous avons perdu beaucoup des notres. En effet, le Gouvernement américain ayant voté une loi ; celle de l'éradication de la race Métamorph. "Toute personne présentant les signes d'un Métamorphe, aussi bien physique que moral, se doit d'être incarcérée directement. Le sort de chacun d'entre-eux dépendra de leur collaboration. Les plus ingénieux deviendront nos espions, les plus fidèles mourront." Le Gouvernement.

Nous sommes donc contraints de nous cacher, d'éviter la population humaine. Notre groupe a migré vers la ville-jungle, à la recherche d'un endroit où se reposer. En effet, la transformation de l'Age Majeur approche et si notre groupe ne s'installe pas, cet évènement pourrait devenir encore plus difficile. Chaque jour est pour nous un combat. Qui sait si votre voisin Métamorphe est un espion du Gouvernement ? Qui sait si entre ses deux arbres se trouve un piège ? La mort nous frôle à chaque seconde, nous murmurant à l’oreille des mots glaçants. La panique rode et nos frères ayant des déclencheurs sentimentaux se retrouvent souvent confrontés à de multiples transformations.

Récemment nos éclaireurs ont découvert une ville fantôme. Pendant environ une semaine nous nous y sommes reposés, mais le neuvième matin, l'alerte a été donnée. Un groupe de Chasseur approchait, il valait mieux ne pas rester dans les parages. Alors nous avons continués notre migration, priant sans cesse nos animaux totems de nous donner un campement, peu importe sa qualité. Pendant un mois nous avons parcouru la ville-jungle. Plusieurs d’entre nous se sont faits prendre au piège, laissant derrière eux de simples bouts de chair. D'autres ont abandonné, n'y trouvant aucune issue. Seul deux suicides ont été recensés, on peut dire que c'est un don venu des dieux...

Par chance, nous sommes tombés sur une clairière bordant le flanc d'une cascade. Celle ci possède une vue stratégique tout en restant camouflé dans l'amas d'arbre l'entourant. Nous espérons y rester un long moment, du moins jusqu'à la transformation de l'Age Majeur. Après, nous aurons encore un an pour retrouver un autre endroit.

Aujourd'hui plus personne n'est en sécurité. Aujourd'hui l'avenir de l'espèce est entre nos mains.

©contexte écrit par confiture

Métamorphe Messages : 71 Inscrit le : 24/11/2013

Elle était là, après s'être réveillée nue par terre. Ses cheveux d'un noir charbonneux étaient ébouriffés et mouillés. Autour d'elle, une foule qu'elle ne reconnaissait pas. Leurs regards étaient un étrange mélange de curiosité, de dégoût, de haine et de peur. Face à eux, elle ne savait pas quoi faire. Elle se leva, camouflant son corps de ses bras. Le monde paraissait être en pause. Le temps, ralenti par l'inconnu inquiétant. Une femme la pointa alors du doigt, tremblante. « Cette fille n'est qu'un monstre. Elle a tuer mon enfant ! ». La phrase se termina par un cri de colère et de peine, tandis que la mère en deuil s'écroulait à genoux... Cette toute petite phrase changea la face du monde. Elle changea la vie de la demoiselle, ainsi que celle de tous ceux qui deviendraient comme elle.
« C'est peut-être vrai, regardez le sang qu'elle a sur le visage... Elle n'a pas l'air blessée pourtant. » dit une voix au milieu de la foule. Les dés étaient jetés. L'atmosphère venait de changer. La foule se resserra sur elle-même. Elle dégageait une aura malsaine. Rien de bon ne provenait de l’attroupement. La curiosité et la peur avaient disparu. Le mot « vengeance » planait au dessus de la troupe. Une réaction instinctive que les milliers d'années d'évolutions n'ont su effacer. L'amour est un sentiment maladif, encore plus contagieux qu'un rhume, à laquelle l'Homme est fortement sensible. Et ce que la femme inconnue réclamait dans la noirceur de son cœur en peine était naturellement transmit à ceux qui l'entouraient.

Quant à la jeune fille, rien d'autre que la fuite n'atteignait son esprit. Son corps était tendu. Son cœur s'accélérait. Son regard s'aiguisait. L'adrénaline de la peur faisaient battre ses veines. Elle savait que si elle restait ici quelques secondes de plus, les hommes et les femmes en face se jetteraient sur elle. Alors, sans attendre plus longtemps, et sans réellement savoir pourquoi, elle pivota et se mit à courir comme le Diable en direction des bois les plus proches. Il ne fallu pas longtemps pour que les inconnus se lancent à la chasse au monstre tels des chiens coureurs enragés.
Elle sauta par dessus le caniveau creusé dans la terre meuble. Elle savait déjà qu'elle n'avait pas le temps de regarder derrière elle, de juger si elle était vraiment poursuivie. Les cris, injures et damnations fusaient tout près de son dos. Aucune attente, aucune pause. Lorsque les premiers orteils se réceptionnèrent sur l'herbe humide, elle accéléra l'allure afin de s'enfoncer entre les arbres. Tiens ? La pluie tombait.
Peu importe les orties brûlant ses pieds nus. Peu importe les ronces déchirant son corps. Peu importe les branches giflant son visage. Il était hors de question pour elle de s'arrêter, ou même de ralentir.
Hors, son corps nu, lacéré, lynché par le froid d'automne ne pouvait supporter plus longtemps l'effort bestial que son cerveau réclamait. Un pulsion sanguine. Trop rapide. Trop importante. Trop soudaine. En pleine course, la jeune fille perdit connaissance. Elle s'écrasa violemment. La force et son élan passé lui firent dévaler un petit précipice qui se trouvait juste devant. Les feuilles qui jonchaient le sol se collaient à elle lors de son passage, s'envolant parfois disgracieusement à cause de la pluie automnale.

Les poursuivants s'arrêtèrent au bord de la fosse. L'un d'eux possédait un vieux fusil. Un modèle du début du XXIe siècle. Les feuilles bruissèrent discrètement. Tout le monde se pencha un peu, cherchant à mieux voir. Le frottis se fit plus fort, petit à petit, jusqu'à ce qu'une masse sombre en sorte. Haut de garrot, des oreilles aux aguets, une fourrure épaisse, des yeux verts indéchiffrables, une langue passant sur des crocs saillants, une respiration calme, des griffes solides. La jeune fille n'était plus. C'était ça, le monstre. C'était cet immense loup noir.
Elle déposa son regard sur les humains qui se trouvaient au-dessus d'elle. Ils reculèrent. Elle se lécha de nouveau les babines. L'homme armé chargea son fusil. Elle fit quelques pas vers eux. Il pointa son arme en direction de la bête. Elle montra les crocs. Il posa son doigt sr la détente.
Menacée, elle gronda. Menacé, il tira.

La bête se métamorphosa. Cette jeune fille reposait là. Cette jeune fille était inconnue. Cette jeune fille était la première. Cette jeune fille fut surnommée Zéro. Et son histoire n'est connue que par des hommes morts.

Citation :: Extraits du journal intime d'Alvin ; années 2464 - 2465.
« Cela fait quatre années que j'étudie, avec une petite équipe, la maladie Méta -ou bien, les « Métamorphes », nomination scientifique que nous donnons aux personnes atteintes. »

« Note : cela fait quelques jours que j'ai des absences. Je dois penser à prendre un complément alimentaire et surveiller mon énergie. Je crois que je m'épuise. »

« Nous possédons quelques cobayes dans nos locaux. Je me dois de noter qu'ils n'ont pas tous la même résistance, ni la même longévité. Tous ne se transforment pas pour les mêmes raisons. Chaque métamorphe possède un "déclencheur". Emotionnel la plupart du temps, nous avons tout de même admis un patient qui possédait un déclencheur physique. »

« Ils n'ont pas tous la même tolérance face à leur transformation : il y a ceux qui souffrent au point de pousser des cris d'agonis horrifiant, et ceux pour qui le changement est presque inaperçu. »

« Certains Métamorphes ont la malchance de se transformer en une espèce qui ne leur permet pas de vivre n'importe où. Cas prouvé par le sujet 201IILN, qui se métamorphose en homard. Cette maladie est surprenante par ses multiples facettes... »

« Expérience 5574 : nous avons prélevé l'ADN d'un patient sous sa forme humaine, puis sous sa forme animale, et nous les avons comparés. Le premier échantillon montre que l'ADN humain est dominant mais que les traces de l'ADN animal sont bien présentes et intégrées. Inversement sur le prélèvement animal. Si nous avions un sujet dont le déclencheur est sanguin, nous pourrions prélever son sang et tester la réaction nous même... Malheureusement, ce genre de déclencheur est beaucoup trop rare. »

« Note : le cobaye numéro IIIX5 est mort lors de sa transformation. Je n'ai pas encore bien compris en sont les raisons précises. Supposition : douleurs trop élevées lors de la mutation. »

« J'ai cessé d'être spectateur hier, dans la soirée. J'ai subi ma première transformation. Et en y réfléchissant un peu, je n'ai pas envie de finir comme cobaye dans mes propres locaux... »

« Salut, cher journal. Cela fait quelque temps que je n'ai pas posé mon encre sur tes pages. Vois-tu, j'ai fui. Mon travail, ma famille, ma vie. J'ai tout abandonné. J'ai airé pendant un temps, puis je suis tombé sur un métamorphe. Puis un autre. Et encore un autre. Petit à petit, nous devenions une jolie troupe de gai lurons. Nous vivons tous pas trop loin les uns des autres.
Comprends-tu, ma vision du monde change. La maladie Méta n'est pas une maladie. Elle presque comme... un don ? Je n'ai plus de laboratoire, je ne peux savoir d'où proviens ce don, mais je peux t'écrire, cher journal, que je suis fier d'être un Métamorphe. »

« Lorsque je vois les animaux en lesquels nous mutons, les uns et les autres, je me dis que ça pourrait-être dangereux pour nous, comme pour la population, de rester vivre en ville ainsi. Même si nous faisons attention, on ne peut jamais deviner le futur. »

« Bel ami de papier, face aux métamorphoses que j'ai pu croiser, je pense qu'une très grande majorité des Métamorphes pourrait vivre en Amazonie. Depuis des siècles, l'Homme s'affaire à la rendre plus forte et magnifique que dans son glorieux passé. Le climat est vivable pour beaucoup d'entre nous. Malgré les quelques villes et villages technologiques qui y ont été construit, la forêt d'Amazonie est très peu visitée par les humains. Ils ont compris qu'il fallait des espèces totalement naturels, où plus une semelle de ranger ne devait se poser. »

« Note : depuis que la forêt Amazonienne a été recréé, agrandi, embelli, beaucoup de personnes dans le monde se plaisent à l'appeler ''Terra Nueva''. Tu me diras, ce n'est pas entièrement faux, car à part quelques arbres millénaires, tout a été replanté. »

« Mon idée d'exode pour l'Amazonie passe de bouche à oreille. Nous évitons les logiciels sociaux et internet de manière générale. Les Métamorphes sont connus uniquement de ceux qui les ont vu muter. Les dirigeants de chaque pays gardent d'une main de fer ce secret... »

« Le départ est proche ! Malheureusement, je pense que j'ai encore beaucoup à faire ici. Tous les Métamorphes ne sont pas en état de voyager. D'autres, simplement, se transforment en des espèces qui sont incapables de survivre dans le milieu. Je souhaite rester et les aider. Je donne donc ma place de ''guide'' à une dame fière qui me semble sage. »

« Note : les Métamorphes ont enfin entamé le voyage ! Certains partent en groupe, d'autres seuls. Ils ont rendez-vous dans quelques jours à Awkilla. »

«Cher journal. Voilà un beau mois que je n'ai pas écrit ! J'ai rejoins un groupe dynamique de métamorphes il y a peu. Je me suis mis dans de beaux draps. Ce sont des révolutionnaires qui prônent la supériorité des Métamorphes... Ils sont assez radicaux, oui. Du coup, je t'avoue ne pas avoir beaucoup de temps pour prendre la plume. On en parle actuellement dans les journaux, le groupe se fait appeler ''Basileus''. Un terme en grec ancien, signifiant ''roi'', grosso modo.»

« Le groupe radical auquel je m'étais joins a commis l'irréparable. Je crois que je les ai quitté à temps. Je crois également que maintenant, tous les métamorphes de la planète vont chercher à fuir... »

« Cher journal, actuellement, rien ne va ! Les gens lambdas dénoncent aux forces de l'ordre chaque métamorphe qu'ils croisent. Je ne sais pas où ils les emmènent. J'aimerai savoir, mais quelque chose me dit que je devrai être arrêté pour avoir la chance de satisfaire ma curiosité. Et, curieusement, je n'ai pas envie de me retrouver là d'où les métamorphes ne reviennent pas, juste ciel ! »

« Très cher journal. Les Basileus nous ont rendu visibles aux yeux du Monde. Les Etats déploient des forces brutes pour contrer la soi-disant menace que nous représentons. Ils appellent cela ''La Purge''... Les êtres humains ont cessé de se faire la guerre à eux-mêmes. Nous sommes devenus les ennemis qu'ils ont tant attendu. L'instinct est devenu notre seule chance de survie. Ils sont devenus les Chasseurs, les Métamorphes sont les gibiers. Par conséquent, je pars ce soir. »

Extrait de l'émission d'information nationale, journal de 20H, Canada, Janvier de l'an 2466.
« Ce soir, l'Etat Mexicain a proclamé la mort d'un leader Métamorphe, Alvin Alvin. Ancien scientifique des services secrets, il avait été porté disparu depuis plusieurs mois. Des témoins, ainsi que des preuves photos et vidéos montrent qu'il était en compagnie du groupe Basileus il y a encore une semaine.
Le ministre de Mexico explique que l'homme s'était métamorphosé en loup roux pour tenter de prendre la fuite lorsque les force de l'ordre ont tenté de l'arrêter à la frontière. Il a été abattu à bout portant par l'un des officiers présents. »

» Le manuscrit du Monde